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Les Naufragés - Guy-Sylvain Bigaignon

Ce roman de Guy-Sylvain Bigaignon a pour décor l’ile Maurice. La trame du roman se lit comme suit :

"Benoît, chaque fois qu’il en prenait le temps, réduisait une à une, comme autant de fractures, les causes possibles du malaise qui usait Sophie et minait leur couple.

La vie, la famille, la maison, l’amour étaient ravagés par un cyclone. L’angoisse qui tourbillonnait autour de leur univers en prenait la forme : la spirale d’un entonnoir qui se resserrait sur eux en laissant en son centre une petite zone de calme illusoire. À l’île Maurice, entre décembre et mars, on s’attendait toujours à l’éventualité des cyclones. Des plafonds de nuages gorgés de pluie et de foudre voyageaient au-dessus des toits et des pitons volcaniques. Parfois, le soir, la lumière des éclairs se mêlait à celle du soleil déclinant sur l’horizon. Il y avait quelque chose d’incompréhensible dans ces clartés irréelles. On en était ébloui et terrifié. Des vents, des souffles se levaient comme un trop plein de vie.


Pour affronter les cyclones, il fallait un esprit de défi. Benoît avait trouvé cette qualité en Sophie. Leur mariage d’amour avait été un défi aux yeux de la société mauricienne. Leur installation en France en fut un autre pour Sophie. Benoît avait également dérogé à la tradition familiale en se lançant dans le commerce afin d’offrir à Sophie une vie aisée.


Benoît contemplait une gravure romantique encadrée au mur. Elle représentait Virginie, à la proue du Saint-Géran, résistant aux tumultes de la tempête, une main fermée, serrée sur le cœur, l’autre plaquée sur ses jupons. Ce tableau recelait pour eux de multiples allusions, à l’île de leur enfance et de leur adolescence commune à l’amour mythique de Paul et Virginie...


Lorsque Benoît prit conscience du point d’ancrage de son regard, il n’y vit qu’une scène représentant un naufrage, une femme pitoyable, recroquevillée sur elle-même. Pour la première fois, lui vint un très léger sentiment de mépris pour Sophie, pour sa culture littéraire romanesque, mièvre.... Il louvoyait entre les qualificatifs, effrayé de cette sévérité naissante qui le posait à ses propres yeux en censeur, lui qui se faisait un devoir de tout comprendre à la lumière de la raison.Benoît quitta le salon sans éteindre et monta à l’étage. Il eut l’impression, en gravissant les marches, que des ombres l’y avaient précédé."


ISBN : 2-86477-212-4



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